Dans le cadre des Journées Européennes de la Culture Juive (JECJ, Laurence Jost-Lienhard donnera une conférence sur son livre "Kaddish pour un prof" le jeudi 18 septembre à 19h au Casino des Faïenceries.
Les persécutions dont a été victime la communauté juive rurale du Pays de Hanau attestent de la nécessité d'en préserver le souvenir. Elles s'inscrivent dans une mémoire collective confrontée au Judenrein alsacien et à la Shoah. Des recherches dans les archives du lycée de Bouxwiller ainsi que des témoignages précieux ont permis à Laurence Jost-Lienhard et à ses élèves de retracer les parcours de vie d'un professeur, Maurice Bloch, déporté à Auschwitz par le convoi 62 du 20 novembre 1943, et d'élèves aux destins tragiques : les frères Roger et Jacques Joseph, déportés par le convoi 48 du 13 février 1943, Samuel (Samy) Rothkopf, fusillé à la frontière suisse le 23 décembre 1942 et Benno (Benoît) Malz, tué dans un char en novembre 1944 devant Belfort.
Animée par la nécessité de transmettre la mémoire et d'impliquer les plus jeunes, l'auteure redonne vie à des êtres dont on ne savait ce qu'ils étaient devenus. Nées en Alsace, ces histoires touchent bien d'autres régions, telles le Cher avec la tragédie des puits de Guerry, le Jura, le Doubs, l'Isère, la Haute-Vienne et la Dordogne, terres d'accueil des réfugiés juifs alsaciens
L’auteure
Laurence Jost-Lienhard est agrégée d’histoire-éographie et enseigne au Lycée Adrien-Zeller, à Bouxwiller. Elle est également maire de Bosselshausen, en Alsace, et secrétaire générale de l’association des Maires et Présidents d’intercommunalités 67.
Avec plusieurs classes d’élèves, l’auteure a entrepris un travail de mémoire qui a conduit à la réalisation d’un film documentaire, « Kaddish pour un prof », récompensé par le Prix Annie et Charles Corrin, et qui a obtenu le Prix à l’éducation citoyenne de l’Ordre national du Mérite (Bas-Rhin), en 2020. Membre de l’association Stolpersteine 67, Laurence Jost-Lienhard a initié la pose de pavés mémoriels à Bouxwiller et à Ingwiller, en juillet 2021.
Préface du livre
" Parle peu et agis beaucoup » nous dit Shamay dans les célèbres Maximes des Pères. Un pragmatisme qui semble faire appel au bon sens mais qui, dans une société où il est de plus en plus difficile d’assumer ses responsabilités, est pourtant loin de s’inscrire comme une évidence.
Alors que les derniers témoins de ce que le XXe siècle a offert de plus atroce à l’humanité s’éteignent peu à peu, la transmission de la mémoire est devenue un enjeu sociétal de première importance. Encore faut-il en avoir conscience et s’en donner les moyens.
Laurence Jost-Lienhard, dans le remarquable et titanesque travail qu’elle a entrepris avec ses élèves, ne s’est pas contentée de redonner vie à Maurice Bloch, ancien professeur de lettres classiques au Lycée de Bouxwiller dans lequel elle enseigne elle-même l’histoire, elle a initié une dynamique susceptible de répondre de manière efficace et durable à la sulfureuse et inextricable question de la mémoire. En rendant ses élèves acteurs d’une histoire et en les invitant à se l’approprier, elle a réussi à susciter de l’intérêt et du questionnement. Or la transmission passe nécessairement par ce questionnement. Elle en est même la clef de voûte. Kaddish pour un prof est bien plus qu’un documentaire, bien plus qu’un livre. C’est une flamme de l’espoir.
L’énergie que Laurence Jost-Lienhard a déployée afin que cette initiative exceptionnelle puisse rayonner bien audelà des frontières de Bouxwiller ne peut que susciter mon admiration. Je dois même avouer que Laurence, par son abnégation, son courage, sa clairvoyance, m’a redonné une certaine confiance en notre capacité à sauvegarder cette précieuse mémoire. Pour cela, elle est un véritable modèle dont j’invite tous les professeurs à s’inspirer. Soyez vous aussi les acteurs d’une mémoire vivante, stimulante et ludique.
Chers jeunes, c’est avant tout à vous que cet ouvrage s’adresse. L’histoire de Maurice Bloch aurait pu être la vôtre. Et elle n’est qu’une histoire parmi des millions, toutes plus déchirantes les unes que les autres, mais toutes ô combien singulières.
Faire connaître cet ouvrage, c’est devenir le maillon d’une chaîne devenue extrêmement fragile. C’est éviter que d’autres Maurice Bloch ne subissent le même sort. C’est tout simplement défendre ce que nous avons de plus précieux et de plus fragile à la fois."